L’éternel malentendu de l’art et de l’entreprise

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Ainsi, la figure de l’artiste entrepreneur comme celle de l’entrepreneur artiste n’en finit pas de poser problème. C’est le problème récurrent de cette « finalité sans fin » de l’œuvre d’art, qui s’est finalement (mais il n’y a pas si longtemps) affranchie de l’immémoriale tutelle de l’utile, au profit d’un ordre libéral, que les artistes ont raison de revendiquer  par dessus tout.  Mais curieusement, si l’autonomie de l’œuvre peut, et elle l’est à satiété aujourd’hui, être légitimement contestée, il n’en va pas de même de l’autonomie de l’artiste, de cette liberté qui l’a affranchi de la servitude d’être utile, dans un temps qui est celui du régime esthétique de l’art.
Curieusement, si on a pu à juste titre se demander « quand il y a t il art ? », on s’est rarement posé la même question à propos de l’artiste. L’idée d’un « quand y a-t-il artiste », apparaît peu recevable, alors même que, comme on sait,  nombre d’artistes ont fait de leur vie même la forme entière de l’œuvre (ou de la non-œuvre,  de l’œuvre désœuvrée) qu’ils ambitionnaient. Cette situation est sans doute appelée à évoluer, et on peut déjà souligner l’existence d’artistes « occasionnels », dont le parcours épouserait des formes de vie et des situations dans lesquelles l’art ne serait qu’un possible parmi d’autres – au sens où Hans Belting a pu soutenir que l’art « n’est plus qu’un système symbolique parmi d’autres ». La question serait alors  de savoir si cette condition d’artiste éphémère, d’artiste occasionnel, est viable sur le long terme d’une œuvre.

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