Œuvre d’art et nouveaux médias urbains
Si l’on considère l’évolution de la sculpture dans l’art contemporain, on est conduit au constat d’une diversité croissante de propositions artistiques qui semblent s’être affranchies de toute référence à un modèle dominant, comme c’était encore le cas au temps des avant-gardes. On serait même conduit à penser que c’est là un phénomène constant dans l’histoire récente : de la statuaire venant ponctuer les abords des édifices publics ou religieux jusqu’à la sculpture moderne venant questionner dans l’espace public les excès même du modernisme, en passant par toutes les formes plus ou moins pérennes ou plus ou moins éphémères des arts du site et de l’environnement, la relation entre l’art et la ville s’est enrichie, diversifiée, et comme affranchie des limites de plus en plus incertaines qui séparent l’art et le non-art, le matériau et l’immatériau, l’urbain et le rurbain.
Ce mouvement est pour une large part l’effet de ce soupçon généralisé qui gouverne aujourd’hui la relation entre l’art et la réalité, et cette supposée déréalisation du monde à laquelle l’excès des simulacres et des simulations nous a accoutumés1. On peut y voir, aussi et d’abord, la manifestation directe de l’importance prise par les questions de temporalité et de rythme, de mobilité et de trajet, dans les arts du volume et de l’espace, dans les formes même de la spatialité artistique actuelle.