Architectures, modélisations, espaces virtuels

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Il est notable que ce renversement des anciennes hiérarchies architecturales, cette affirmation des puissances de l’imaginaire (avant les exigences du réel, et du fonctionnel) ait lieu dans un temps qui (sur)valorise les réseaux et les espaces virtuels  – lesquels ont fini par modeler non seulement les territoires de la fiction, mais aussi les lieux urbains réels , lesquels  tendent à devenir pour certains entre eux de véritables cités du futur fictionnelles, au regard desquelles les parcs de loisir font figure d’antiquités, comme en témoignait récemment l’exposition « Dreamlands » au Centre Pompidou.

La légende raconte que Frank Gehry, pour son musée en construction à Abu Dhabi, aurait commencé par un geste radical. Il aurait froissé une serviette de table sans intention de lui donner une forme précise, et aurait demandé à ses ingénieurs que son musée soit la réalisation en grandeur nature de cette structure chaotique et aléatoire.
Ces architectures apparaissent ainsi de plus en plus comme des sculptures, des installations, des gestes, des provocations adressées à l’œil. Elles se présentent comme des signes, des miroirs déformants de notre temps qui veulent plier la réalité aux conditions même de l’apparence ou de la vision subjective, telles que les prescrivent les images issues du cinéma, puis de la réalité virtuelle. Architectures (re)devenues des images ou des signes qui, comme les miroirs dont parle Cocteau, sauraient qu’on les regarde.

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