De la déficience et de la suppléance

En un sens, majeur, la question de l’incapacité et de la déficience, et les modernes prothèses ou orthèses qui viennent suppléer ces manques ne sont pas seulement l’expression de la condition humaine en général,  comme espèce qui se définit par le manque originel qui rend possible à la fois la technique, les œuvres d’art et les religions, ou comme celle de l’humanité prothético-génétique à son stade actuel de développement, elles traduisent plus profondément encore la crise du « nous » qui affecte nos sociétés, partagées entre exigence d’autonomie et affirmation des privilèges du sujet d’un côté, et en même temps conscience de l’être au monde, comme d’un être avec, pour reprendre une expression chère au philosophe Jean-Luc Nancy1.
Les pôles de l’écart et de la norme, posent donc aussi, de manière essentielle,  la question du  vivre ensemble séparément qui caractérise nos sociétés, et de la crise qui affecte, à des degrés divers, les modalités de ce vivre ensemble, d’articulation du je et du nous, du soi et des autres.

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