Des excès de la machine à suppléer le manque

Le paradoxe de notre temps, c’est que cette ville du trop, celle de l’intégration, du contrôle, de la surcharge des signes et des instruments de régulation, est celle là même qui produit les effets indésirables qu’elle est censée combattre. Elle entend en particulier intégrer le handicap à la ville, et on ne saurait nier que certains dispositifs en ce sens sont bienvenus.
Mais  ces dispositifs supposés intégrateurs contribuent aussi au marquage urbain du handicap comme tel, à son objectivation, au pointage de la différence, et en un sens à une forme de discrimination qui ne dit pas son nom, sous prétexte d’intégration, au regard des espaces jugés normaux. La figure stigmatisante du  » malade  » et du  » handicapé  » a ainsi laissé place à celle de la personne atteinte de maladie chronique ou en situation de handicap désormais considérée pleinement comme un sujet. Ce qui apparaît aussi comme un conquête et un progrès, mais qui laisse intacte et béante, au-delà des techniques d’ objectivation et de subjectivation la question du je et du nous, du soi et des autres, des articulations que nécessite les processus souvent divergents de subjectivation et de socialisation – en particulier à travers la convergence des technologies et parfois contre elles, s’il est vrai que celles-ci conduisent aussi à un vaste processus de contrôle et de normalisation, en même temps qu’elles portent l’espoir de nouveaux « agencements collectifs d’énonciation » (Guattari)  en particulier entre les uns et les autres.

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