Des technologies de réappropriation des techniques antérieures : révolutionner en conservant, conserver en révolutionnant

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On l’a dit, le numérique se distingue des techniques antérieures en ce sens qu’il ne vient pas nécessairement périmer ces techniques, mais il les agrège à son devenir propre, dans un couplage ou une convergence de l’analogique et du numérique, des anciens monde du cinéma et de ses nouveaux modes d’existence. Il y a donc des manière de faire époque dans les techniques d’enregistrement que le numérique conserve, des manières de faire date, comme si l’essor continu des progrès technologiques exigeait en même temps le rembobinage du progrès, sa récursivité dans le potentiel révolutionnaire indépassé de certains seuils dans le développement du cinéma, qui apparaissent à la fois derrière nous, et pourtant indépassables (et c’est là peut-être une clé de lecture de la perplexité d’un jean-Luc Godard devant les dispositifs numériques proposés par les artistes du Fresnoy) : c’est pourquoi il y a un faire date du muet, un faire date du noir et blanc, qui loin d’être périmé, se retrouve à la pointe actuelle de la technologie (le modèle du développement du cinéma et de ses lieux, est en ce sens comparable à celui des Hopis, ce peuple qui dit avoir son avenir dans son dos) : ainsi , trouve-t-on dans la vaste panoplie des « applis » de l’Apple store , un dispositif permettant de faire une vidéo en accéléré et noir et blanc, sur le modèle des premiers films, exemple un peu trivial d’un symptôme beaucoup plus profond, et qui doit être pris en compte dans l’analyse de l’évolution  des lieux du cinéma et de leur réagencement spatio-temporel à travers la convergence/divergence des technologies.

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