La mobilité, la portabilité et la rupture des liens communautaires dans le miroir du sujet collectif du cinéma

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Il faut d’abord bien mesurer que ces lieux et milieux  en mutation, et plus encore dans une région comme la Côte d’Azur qu’ailleurs, ont à affronter non seulement la crise de l’espace public et du vivre ensemble, mais aussi la crise du foyer et de la famille, les deux phénomènes étant profondément liés entre eux, à travers l’évolution des techniques. En effet, tous les chercheurs s’accordent à reconnaître à propos de l’éclatement du foyer et des milieux humains,  une augmentation considérable du temps passé devant les machines numériques et les écrans. Ce sont là des problèmes de société et d’individu entièrement traversés par la puissance de l’image et de la technique, et qui posent de redoutables questions éducatives,  parentales, familiales, que ne saurait ignorer le secteur de la Culture.
Au regard de ces considérations sur les nouvelles modalités du vivre ensemble séparément, les nouvelles formes d’agrégation collective en communautés plus ou moins stables, que ce soit à l’échelle du foyer ou de la société et des territoires, et marquées par la mobilité et la flexibilité, on retiendra  comme particulièrement pertinente la notion d’habitèle proposée par  Dominique Boullier, notion qui, par les bouleversements considérables qu’elle désigne dans les modes de vie et les formes de circulation des images, des sons et des idées entre les humains, devrait être sérieusement  prise en compte dans le développement d’une réflexion sur les lieux du cinéma :
« La dissociation du foyer dans ses deux dimensions de la parité et de la paternité, rend plus difficile la constitution d’un habitat commun. Car habiter (qui n’est pas se loger ou cohabiter) engage un couplage avec son environnement qui suppose d’en faire sa propre bulle, à le rendre semblable à soi, à se laisser affecter par le lieu autant qu’on l’affecte. C’est pourquoi il est raisonnable de penser que, dans ces situations où le centre physique et symbolique du foyer devient difficile à maintenir, les personnes se replient sur la constitution de leur propre sphère qu’ils emportent avec eux. C’est ce que j’ai appelé « habitèle  ».

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