La frontière de la science et de l’expérience vécue

Au confluent de la biologie, de sciences de la cognition, et de la phénoménologie  (mais aussi des approches spirituelles de la connaissance inspirées du bouddhisme et de la pensée chinoise), Francisco Varela aura été, dans les années 80, un grand penseur de la frontière, le penseur de la relation entre le Soi et le Monde, mais dans un sens beaucoup moins  restrictif que ne le laisse penser la lecture qu’en propose Jean-Claude Guillebaud. Varela aborde en effet la question des frontières entre le sujet et le monde, mais moins pour les faire sauter, et promouvoir ainsi l’hypothèse d’une destitution du sujet dans les techniques du « non-soi », que pour les  « perméabiliser ».
Son apport majeur réside dans le concept d’énaction – ou « cognition incarnée » – qui postule l’hypothèse de l’inscription corporelle de l’esprit au delà du cerveau, aux frontières physiologiques de l’organisme, dans un jeu « autopoïétique » d’interactions constantes entre le soi et l’autre, le sujet et le monde.

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