L’art critique dans l’espace urbain
Cet éclatement de l’espace public, corrélatif au déclin de l’état nation se traduit, entre autres, dans le mouvement de diasporas nouvelles (nouvelles diasporas qui tiennent pour une large part au développement mondial des technologies comme technologies de la mondialisation ) dans la montée des communautarismes au coeur même de l’espace territorial commun (mais plus partagé). C’est cette grande question qui traverse l’œuvre, par exemple, d’un Krysztof Wodiczko, et à laquelle il répond (entre autres) par la projection d’images sur les bâtiments publics. Ainsi, de cette œuvre : Les femmes de Tijuana. Dans la Tijuana Projection (2001), les difficiles expériences personnelles de femmes de la ville-frontière de Tijuana étaient projetées en direct, sous forme audiovisuelle, sur l’énorme coupole du Centro Cultural, mise en scène en temps réel sur un grand écran sphérique Imax. Il s’agit ici moins de dénoncer, que de révéler simplement l’existence et de rendre visible dans l’espace public cette communauté oubliée, déracinée, et sans véritable légitimité que les mouvements d’une économie mondiale fondée sur les délocalisation a conduite dans cette ville frontalière, et qui l’habitera peut-être un peu moins comme un camp de transit après l’intervention de l’artiste. Il s’agit en somme de faire émerger cette communauté à la conscience collective.