Le décor comme principal personnage de la fiction azuréenne

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Quel que soit l’angle de vision que l’on prenne, la question du décor est centrale dans cette région. Le beau naturel et le beau artificiel s’y mêlent de manière continue à travers les âges, du Baroque à l’Art nouveau de la Belle époque, jusqu’à nos jours. Au point que le décoratif y apparaît comme un peu plus qu’un simple décor. Il y joue le rôle d’une trame sur laquelle viennent se lier les aventures et les vraies histoires, mais une trame qui finalement aura le dernier mot, au-delà des contingences et des dramaturgies ordinaires de l’existence: que reste-t-il des amours de la Reine d’Angleterre, ou de la vie de quelque Prince Russe fraîchement débarqué ici : pas même un roman, pas même un tableau d’histoire (ou alors si souvent décevant, comme en témoignent hélas certaines  pièces du musée Masséna), mais plutôt le formidable témoignage architectural qui leur servit de cadre.
Matisse l’avait bien compris, lui qui disait qu’ici, le dedans et le dehors apparaissent tellement mêlés dans un savant colloque de l’ombre et de la lumière que seul importe finalement le cadre, la limite, la bordure de la fenêtre, moins parce qu’elle délimiterait et cloisonnerait ces espaces de l’intime et du public, que parce qu’au contraire elle atteste de cette transition et de cette porosité continue du dedans vers le dehors et du dehors vers le dedans.

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