Valéry et la question de l’auteur

L’hypertexte, comme on l’a vu, et comme Valéry en a vu avant tout le monde le profil à l’horizon de son siècle, c’est bien cette mise en question de la place de l’auteur, et de la position de maîtrise qu’il incarne par rapport au savoir.

« Une telle recherche commence par l’abandon pénible des notions de gloire et d’épithètes laudatives; elle ne supporte aucune idée de supériorité, aucune manie de grandeur. Elle conduit à découvrir la relativité sous l’apparente perfection ».

Et encore:

« L’une des erreurs les plus fréquentes et les plus remarquables que l’on puisse commettre en spéculant sur les choses de l’art, est celle qui consiste à considérer les oeuvres comme des entités bien définies. Il en résulte que l’esthéticien, anxieux de restituer la genèse de l’ouvrage, croit pouvoir s’élever de l’oeuvre à l’auteur, par une opération directe et en quelque sorte (….) linéaire. Il s’éloigne par là, sans s’en douter, du vrai et du réel. Du vrai, car un ouvrage ne peut être considéré que dans ou selon un observateur bien déterminé, et jamais en soi. Du réel, car la réalité de l’exécution de cet ouvrage est faite d’innombrables incidents intimes ou accidents extérieurs, dont les effets s’accumulent, se combinent dans la matière de l’ouvrage, lequel peut devenir à la longue, surtout s’il est très élaboré et maintes fois repris, un ouvrage sans auteur définissable ».

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