Valéry et le changement de paradigme
Car de quoi est-il question dans cette substitution du possible au réel, sinon de la révolution épistémologique et du changement de paradigme amorçé voici un siècle.
Ce qui est en cause, c’est rien moins que le passage d’un monde dans lequel l’art et la littérature (et la connaissance en général) sont un miroir de la nature, à un monde dans lequel ce modèle représentationniste est devenu obsolète.
Comme dit Prigogine, dans son texte sur Valéry et la question du temps : « dans le monde des structures multiples et des bifurcations, la situation est tout à fait différente : le réel devient presque un accident, un îlot parmi les possibles, parmi d’autres choix qui pouvaient se réaliser. Ce n’est pas que ces autres choix soient moins rationnels. Le réel et le rationnel ne s’identifient plus, et l’imaginaire, le possible se trouvent réhabilités au coeur même de la science. Il y a là un élément qui vient confirmer très fortement le point de vue de Valery. »