Valéry et Leroi-Gourhan

Dès lors, de nouvelles et redoutables questions ne manqueraient pas de se poser, et les catégories qui étaient encore en usage dans l’analyse des oeuvres littéraires en tant qu’objets manifestés sur le support imprimé en seraient peut-être bouleversées. Car, comme l’écrit Jean-Louis Lebrave « par une nécessité physique, ces objets, clos vis-à-vis de leur extérieur, se donnent à leurs lecteurs comme détachés de celui qui les a produits, et apparaissent comme des unités homogènes, cohérentes, achevées, et sans rapports direct avec le processus mental qui leur a donné naissance. Les documents de genèse illustrent à quel point le fonctionnement « naturel » de l’esprit est sans rapport avec ce mode linéaire, séquentiel et détaché qui caractérise l’écrit standardisé ».
S’agirait-il d’une régression ? Ou alors, faudrait-il parler comme le fait Leroi-Gourhan lui-même d’une reprise de l’équilibre paléontologique ? Il faut se souvenir des conclusions (partiellement déprimantes) de Leroi-Gourhan, à la fin de son ouvrage fameux, Le geste et la parole,  qui ont dans le contexte de cet essai, et des liens que l’on tente ici d’établir entre les supports technologiques les plus avancées, la création littéraire et le fonctionnement de l’esprit, une résonance prophétique […]

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