Valéry et l’orthothèse

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Chez Mallarmé, chez Edgar Poe, qui pensait que la nouvelle trouve son sens dans l’accomplissement d’une forme abstraite, la consistance de l’exactitude  est une forme de la conscience littéraire. Et Valéry semble toujours l’avoir préférée à ce dont l’enseignement des belles lettres est si friand: psychologie, beaux sentiments, conscience malheureuse ou mauvaise foi.
Mallarmé à qui Valéry, alors étudiant à Montpellier, écrit le 18 avril 1891: « une dévotion toute particulière à Edgar Poe me conduit alors à donner pour royaume au poète l’analogie. Il précise l’écho mystérieux des choses, et leur secrète harmonie, aussi réelle, aussi certaine qu’un rapport mathématique à tous esprits artistes, et comme il sied, idéalistes violents…
Alors s’impose la conception suprême d’une haute symphonie, unissant le monde qui nous entoure au monde qui nous hante, construite selon une rigoureuse architectonique, arrêtant des types simplifiés sur fond d’or et d’azur, et libérant le poète du pesant secours des banales philosophies, et des fausses tendresses, et des descriptions inanimées. »