Photomobiles : notes de travail 2011 (n°9 et 10)

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9/ Comment opèrent-ils par rapport à la question que pose Eisenstein de l’enroulement des images, de leur mise en spirale (et la spirale pourrait être un autre mode de déclinaison de cette question de la mobilité, et du déplacement du regard sur les bords). Cf. Le tableau de Holbein.

10/ Ces images sont en ce sens, faites par tous, non par un (et doivent reposer la question de l’amateur et du professionnel photographe).  Leur beauté, ou leur efficacité tient à ce qui, en elle, échappe à la maitrise de celui qui les a produites, ce sont comme des ready-made, mais temporels et rythmiques. Qui introduisent, mais par condensation, et repliement interne, ou mise en abyme des rythmes, une spatialité autre qui ne serait faite que de strates temporelles divergentes. De mouvements asynchrones, mais qui sont beaux, non parce qu’ils témoigneraient de la possibilité de restituer le mouvement à l’arrêt (comme l’ont fait les futurismes), car dans ce cas là, il n’y aurait plus qu’à faire du cinéma, mais parce qu’ils  témoigneraient au contraire de la possibilité d’arrêter le flux, de contempler le temps dans les arts de l’espace, mais le temps à l’arrêt (ref. impressionnisme), le retenir dans sa fuite (sans doute), mais ce qui est beau, c’est l’impossibilité d’arrêter le flux et le temps, tout en l’arrêtant quand même, comme les forcados interrompant la charge du toro dans la corrida portugaise. C’est donc aussi un éloge de la lenteur : une manière d’ek-stasis temporelle, comme ces réactions en chaîne dont parle Eisenstein, mais qui sourdent l’une de l’autre – sauf que dans le cas d’Eisenstein, cela produit une profondeur qui s’ouvre dans la continuité même du temps cinématographique et ses effets de conïcidence avec le temps réel pour produire un récit, alors que ce qui m’intéresse, c’est de condenser le mouvement, le laisser vivre et même sourdre comme un irrésolu, une extase, mais visible, perceptible à l’arrêt – des compteurs, des mesures, des médiations techniques diverses qui jalonnent notre espace temps (le GPS peut être un instrument intéressant de ce point de vue, ainsi que les autres outils d’orientation que l’homme invente chaque jour pour se déplacer, l’aider dans ses déplacements, et qui introduisent une temporalité nouvelle).  Les Gps sont intéressants aussi de ce point de vue. Les Qr codes.  (en un sens, je pourrais appeler ces travaux « l’écriture en suspens », en référence à mon premier mémoire dans lequel j’expliquais que les objets, les décors sont de quasi personnages, des éclats de langage, me dit Barthes un jour.)